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Lucien LURTON, figure de la viticulture bordelaise est décédé

28 mars 2023 PURPAN Alumni
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Lucien LURTON : 1925 - 2023
Diplômé I.A en 1949 - Promo 28

Né en 1925 dans une famille de l’Entre-deux-Mers, Lucien Lurton se prépare à prendre la suite de son père, François Lurton, et de son grandpère, Léonce Récapet, grand bâtisseur, par des études d’agriculture à Purpan, puis un périple en Amérique du nord et du sud qui le marquera pour la vie.


A son retour à Bordeaux, il épouse Marie-Jeanne Duvoisin à Bordeaux.
Ils auront onze enfants.

 

Lucien Lurton hérite en 1954 du Château Brane-Cantenac (2° cru classé en 1855) à Margaux. A cette époque-là, au lendemain de la guerre, le Médoc est au plus bas, et la propriété en piteux état. Cela ne décourage pas le vigoureux jeune agriculteur. Discret, exigeant, travailleur acharné, il se lance à fond dans l’aventure avec son épouse à ses côtés.


Las, à la mi-février 1956, survient un gel historique qui détruit la quasi-totalité du vignoble. A peine lancé dans l’aventure, il se retrouve ruiné.
C’est là que se joue son destin de viticulteur : ce lutteur décide de jouer le tout pour le tout et de réinvestir massivement dans l’outil de production à un moment où plus personne n’y croit. Il souscrit un énorme emprunt bancaire bonifié, et réintroduit des pratiques viticoles anciennes qui lui permettent de replanter tambour battant dès les années 1960.


La production repartant, il fait appel au légendaire Emile Peynaud, fondateur de l’oenologie bordelaise moderne, pour le conseiller afin d’élaborer de grands vins. Le millésime 1961, d’heureuse mémoire, va rapidement couronner ses premiers efforts, et le grand cru classé retrouver progressivement un rang enviable sur la Place de Bordeaux.


S’ensuivent des années de succès et de croissance. Lucien Lurton, va successivement acquérir les châteaux Durfort-Vivens (1961), Climens (1971), Villegeorge (1973), Tour de Bessan, Haut-Nouchet, Camarsac (1974), Bouscaut (1979), et en 1980 le Château Desmirail à Margaux.
Il constitue ainsi au fur et à mesure des années un portefeuille unique de propriétés du Médoc, des Graves ou l’Entredeux-Mers dont le point commun est l’excellence des terroirs, sa recherche quasi-existentielle, menée avec de grands agronomes, dont Henri Enjalbert, précurseur bordelais en géographie et géologie viticole.


Partisan d’une empreinte légère en oenologie afin de laisser s’exprimer le terroir de ses propriétés, il tiendra toujours ce cap face aux diverses modes, imposant un style élégant et racé, précurseur de la « buvabilité ».
Il parachèvera son parcours au début de la décennie quatre-vingt-dix en transmettant les châteaux familiaux à ses enfants, tout en accompagnant et surveillant avec l’acuité professionnelle qu’on lui connaissait le début de parcours de ses jeunes successeurs.


Au fur et à mesure des années, toujours dans ses cartes et sur le terrain, cet amoureux du Médoc, son pays d’adoption, et de ses habitants, avait acquis une connaissance intime de ce terroir, plus sauvage que l’on croit, et dont il connaissait par coeur l’histoire agricole et le parcellaire, chaque sentier, chaque coin de forêt.


Ce qui l’a amené, afin de protéger le potentiel viticole, à engager une guerre discrète mais sans merci contre les gravières qui mitent son paysage. Mais aussi à se battre pour faire classer par l’INAO les meilleurs terrains à vocation viticole, un travail de très longue haleine parsemé de procès retentissants et de travaux minutieux dignes d’un bénédictin, dont il fera profiter nombre de viticulteurs locaux. A cet égard, son apport décisif à la délimitation de l’AOC Margaux reste un modèle du genre.


Avec lui, le Médoc perd l’un de ses plus fervents soutiens, et Bordeaux l’un des grands viticulteurs qui auront brillamment initié le renouveau bordelais des années soixante-soixante-dix, avec l’éclatante réussite que l’on connaît.

 

Corentin Quemener, Président de PURPAN alumni ainsi que l'ensemble des administrateurs de l'association présentent leurs sincères condoléances à la Famille LURTON.




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