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Portrait de Clotilde Latieule, Co-fondatrice des Maraîchers du ciel - Promo 100
#1 Racontez-nous votre parcours : comment vous êtes arrivés de l’école de PURPAN à l’aventure entrepreneurial ? Qu’est-ce qui vous a motivé ?
En dernière année à l’EI Purpan, j’ai choisi de faire la spécialité « création et gestion d’entreprise ». Pendant 4 mois, avec 5 autres élèves, nous avons développé un projet de potagers sur les toits, en partant de l’idée et en allant jusqu’au business plan. Nous avons travaillé sur tous les éléments nécessaires pour démarrer une entreprise : étude de marché, analyse concurrentielle, prévisionnel financier, conception technique… C’est l’étude de marché qui a été déterminante pour moi ; les retours positifs m’ont motivée à garder cette idée et à continuer après l’obtention de mon diplôme.
À la suite de cette spécialité, j’ai fait mon stage de fin d’études chez Hydropousse, une ferme hydroponique à Paris, où j’ai pu me former à la fois sur la technique de l’hydroponie et la création d’entreprise, mes maitres de stage étant aussi des entrepreneurs.
C’est donc après l’obtention de mon diplôme, fin 2021, que j’ai décidé de me lancer à temps plein sur le projet « Maraîchers du ciel ». Au départ nous étions deux purpanais sur 6 à continuer mais finalement je suis la seule purpanaise dans le projet. En effet, après avoir diffusé des annonces dans des écoles, Marine de l’école d’architecture de Toulouse et Laurie de l’INSA Toulouse ont rejoint le projet. Nous avons revu entièrement le projet toutes les trois et aujourd’hui nous sommes les trois co-fondatrices de l’entreprise « Maraîchers du ciel ».
#2 Les Maraîchers du ciel, c’est une start-up développant des potagers adaptés aux toits des hypermarchés et centres commerciaux. Comment vous est venue, avec Laurie et Marine, cette idée de circuit ultra court ?
Avec Laurie et Marine, notre priorité est d’avoir un projet à la fois ambitieux et vertueux. Nous voulons que notre modèle de potager s’adapte à tout type de toit et puisse se multiplier ; notre objectif étant avant tout de végétaliser un maximum d’espaces urbains ou périurbains.
On a pensé à cibler la grande distribution pour ces espaces de toitures inutilisées et la possibilité de produire directement sur le lieu de vente. En effet, il suffit le matin de récolter sur le toit puis de mettre les fruits et légumes en rayon, sans aucun transport ni emballage. De plus 70% des achats alimentaires des Français se font en grande distribution. Avoir des potagers sur ces lieux stratégiques nous permet de sensibiliser les consommateurs sur la production agricole et l’agriculture urbaine.
#3 Votre objectif est de ne plus avoir deux intermédiaires qui séparent le producteur du consommateur mais seulement quelques étages. Parlez-nous de ce système et son fonctionnement.
Nos potagers sont composés d’une partie en terre, avec des carrés de terre, et une partie avec de l’eau, les pyramides hydroponiques. La partie en terre permet de cultiver les tomates, les poivrons, les aubergines, un potager classique. La partie en eau, l’hydroponie, est un système de culture sans terre où les racines des plantes sont en contact avec de l’eau et des nutriments. Avec ça, on cultive des herbes aromatiques ; basilic, ciboulette, persil. Nos potagers sont conçus pour être modulables, c’est-à-dire pour s’installer et se désinstaller facilement, et également pour pouvoir occuper tout l’espace disponible. Notre volonté, si la portance du toit le permet, est d’avoir la plus grande surface de production possible afin de produire le plus possible.
Et pour notre client, on s’occupe de tout. D’abord, nous concevons son potager adapté à son toit ; ça c’est Marine, en tant qu’architecte, qui propose différents agencements. Ensuite, on installe le potager, en s’adaptant à la portance du toit ; c’est la partie « chantier » gérée par Laurie, ingénieure en génie civil. Et pour finir nous entretenons au quotidien le potager ; je m’occupe du maraîchage, et à long terme nous voulons aussi travailler avec des maraîchers. Le client lui, il ne s’occupe de rien. Il retrouve ces fruits et légumes frais en rayon, prêts à être commercialisés.
#4 Votre premier potager est maintenant installé depuis plus d’un mois, félicitations ! Quels ont été les plus gros obstacles que vous avez rencontrés entre la création de votre start-up et la mise en place du premier potager ?
Notre premier potager se trouve à Ramonville, et nous travaillons avec l’Intermarché de Ramonville depuis avril 2022. C’est une preuve de concept, nous testons la partie agronomique du projet, et la vente de nos légumes en rayon. Le potager fait environ 200m2, il y a 72 carrés de bois de 1,2x1,2m.
Le premier obstacle rencontré a été le chantier d’installation du potager. Nous avions, au préalable, mal estimé le temps des différentes étapes d’installation. Notre programme a été drastiquement modifié et nous avons dû revoir des dates de livraison avec des fournisseurs.
Le second obstacle, comme beaucoup d’agriculteurs cette année, a été la météo et les températures. Nous avons eu beaucoup de vagues de canicule à Toulouse cet été, ce qui a entrainé des pertes car des légumes ont été brulés. Nous avons prévu de faire des nouvelles infrastructures sur potager pour pallier ce problème.
#5 Qu’est-ce que vous diriez à un étudiant qui veut se lancer dans l’aventure « entrepreneur engagé » et qui veut participer activement à une consommation plus saine et plus locale ?
Je lui dirai de se lancer. Il y a, après l’école, beaucoup d’incubateurs, à Toulouse et dans toute la France, qui sont là pour apporter un cadre et un soutien aux entrepreneurs. Je pense également que commencer son projet en tant qu’étudiant a de nombreux avantages, car nous n’avons pas encore vraiment d’attache, ou de responsabilités. Au niveau financier, il y a plusieurs solutions, un emploi à mi-temps, toucher le chômage après une alternance ou toucher le RSA, mais les débuts sont difficiles.
En ce qui concerne l’engagement du projet, nous sommes une génération très concernée et sensibilisée par les problèmes environnementaux. Pour moi, avoir un projet engagé apporte du sens à mon travail et me donne beaucoup de motivations et d’énergie. C’est aussi ce qui fédère notre équipe, avec Marine et Laurie, nous avons une vision commune. Nous savons qu’au plus nous développons les Maraîchers du ciel au plus nous avons un impact positif sur notre environnement, en ramenant de la biodiversité dans les villes et des fruits et légumes en circuit ultra-court. Cet engagement est donc moteur pour nous.
Si je dois faire le bilan sur 1 an de l’expérience entrepreneuriale, elle est très positive. Elle permet de toucher à plusieurs domaines : le maraîchage, le marketing, la prospection commerciale, la communication… et elle sera , je pense, valorisable à l’avenir si je décide de changer de métier.



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