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Portrait de Marielle PAGES (91e) - Enseignante chercheuse à PURPAN et membre du Conseil d'Administration de PURPAN alumni
#1 Tu es entrée à PURPAN en promo 91, quel est ton meilleur souvenir de tes années en tant qu’étudiante ? Parle-nous de ton parcours : de ton arrivée à l’école de PURPAN à aujourd’hui !
Je devrai plutôt utiliser le pluriel car ils sont nombreux ! Je garderai en tête notamment le groupe d’amis que nous avons construits grâce à d’innombrables soirées mais aussi travails de groupes et autres interactions scolaires et qui 10 ans plus tard est encore soudé et que nous arrivons à faire vivre malgré nos parcours et nos lieux de vies différents…
Je suis une entrée directe A3 et est donc intégrée Purpan en cours de route après une licence de Biologie. Diplômée en 2012, j’ai ensuite débuté un doctorat au sein du laboratoire d’Agrophysiologie de l’Ecole avant de réaliser un Post-Doc dans une école de Chimie. J’ai ensuite participé à la création de la plateforme TOAsT de l’Ecole en tant qu’ingénieure de Recherche avant d’être recrutée en tant qu’Enseignante-Chercheuse. Aujourd’hui je suis responsable d’un des départements de l’Ecole (celui dédié aux Sciences appliquées à l’Agroalimentaire et à la Nutrition)
#2 Tu es enseignante-chercheuse à l’École d’Ingénieurs de PURPAN dans le département Sciences appliquées à l’Agroalimentaire et à la Nutrition. Associées aux meilleurs organismes de Recherche française (INRA, CNRS, …) les équipes de Recherche, Développement et Conseil de PURPAN visent à répondre aux attentes des milieux professionnels, à développer des partenariats durables, et à explorer des domaines émergents. Peux-tu nous expliquer ce fonctionnement ?
Effectivement, les projets émanent du terrain, de ses questions et de ses problématiques. Ces questionnements aboutissement à l’élaboration de projets comportant très souvent des partenariats entre les professionnels du monde agricole ou agroalimentaire et le monde académique dont nous faisons partie. L’objectif est double : répondre aux besoins terrains tout en apportant des éléments de compréhension scientifiques qui sont valorisés par le biais de publications, de rédaction de thèse et parfois de brevets.
#3 Parle nous de ton poste et de tes projets en cours au sein de l’École d’Ingénieur de PURPAN ! (ATMOZFR et TOAst ?)
Mon poste d’enseignante-chercheuse comporte plusieurs missions. Comme son nom l’indique, l’enseignement est une part importante et cette mission se traduit aussi par l’accompagnement de nos étudiants tout au long de leurs parcours avec notamment des temps d’échanges privilégiés lors des suivies de stages ou de l’encadrement d’opérations spécifiques telles que la rédaction du Mémoire de Fin d’Etudes. Il est intéressant de voir un étudiant « grandir », trouver sa voie ou encore prendre du recul sur son expérience en cours ou passé…
Côté recherche, je suis particulièrement impliquée sur des projets consacrés à l’étude des technologies oxydatives (dont la molécule phare est l’ozone) afin de réduire l’emploi de produits phytosanitaires conventionnels en champs mais également dans le but de limiter le gâchis alimentaire en favorisant la conservation de fruits et légumes. Dans ce cadre, de gros projets portés par des industriels majeurs de leur secteur, en collaboration avec des instituts de recherche et souvent subventionnés par la Région et/ou l’Europe voient le jour.
#4 La plateforme TOAst (Technologies Oxydatives pour l'Agriculture et l'Agroalimentaire à Toulouse), qui a pour objectif d’identifier des technologies oxydantes et leurs conditions d’utilisation pour décontaminer et optimiser la qualité des produits agricoles et agroalimentaires, a mis en évidence les propriétés désinfectantes de l'ozone dans la conservation des pommes sous atmosphère contrôlée comme substitut aux pesticides. Peux-tu nous expliquer le fonctionnement de cette plateforme ?
La plateforme TOAsT a vu le jour en 2017 sous l’impulsion de Frédéric Violleau, un autre enseignant-chercheur de l’école. Elle a été créée afin d’être un lieu privilégié de rencontres et de projets entre académiques et partenaires du monde professionnel autour des Techniques Oxydatives. Nous étudions principalement l’ozone, qui est une molécule avec un pouvoir désinfectant supérieur au chlore mais dont la durée de vie est très courte. Issue de dioxygène et se redécomposant en dioxygène si aucune matière organique n’a été rencontrée, cette molécule présente le double avantage de pouvoir détruire des micro-organismes pathogènes en substitution à des traitements conventionnels tout en aillant qu’une très faible rémanence donc en étant très peu traçante.
La plateforme comporte de nombreux outils afin d’étudier à différentes échelles cette molécule. Elle comporte notamment des chambres de conservation à atmosphères contrôlées, modifiables et où l’apport d’ozone pour limiter le murissement des matrices végétales (fruits) mais également afin de réduire leur dégradation du à des pathogènes (moississures) est possible. Elle renferme également des chambres de cultures qui nous permettent de mettre en place des pathosystèmes (c’est-à-dire le végétal avec son pathogène) et de tenter de le traiter avec des solutions alternatives comme l’eau ozonée. Enfin, une salle d’ozonation permet des bains de trempage ou de douchage par exemple.
#5 Des recherches se font également sur les effets de l’ozone dans la protection des cultures et de la vigne. Comment l’utilisation de l’ozone serait bénéfique contre les maladies de la vigne ?
L’ozone permet de limiter le développement de bactéries, champignons et virus. De nombreuses publications scientifiques l’attestent. Nous avons pu à Purpan prouver cette efficacité contre différents microorganismes responsables de maladies majeures de la vigne (comme l’Esca ou le mildiou). L’application se fait par ozone dissous dans l’eau qui est le vecteur du traitement. Si cette action anti-fongique est bien avérée, nous avons été confrontés à un verrou technique de taille. L’eau ozonée pulvérisée en milieu ouvert (tel que le vignoble) est instable : l’ozone qui reste un gaz simplement emprisonné dans la goutte d’eau, sort de cette dernière dès qu’il se trouve dans une atmosphère qui en est dépourvu. Afin de limiter ce phénomène de désorption et de s’assurer que l’ozone arrive bien sur sa cible (soit le pathogène présent sur la feuille de vigne), un travail de thèse a été mené, co encadré avec l’INSA, qui a permis d’aboutir à la levée de ce verrou, ce qui fait l’objet aujourd’hui d’un dépôt de brevet. L’eau ozonée pourrait ainsi permettre de limiter le développement fongique et ainsi de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires conventionnels.


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